Les deux femmes qui se rencontrent pour la première fois lors de la manifestation "Dialogue International" de Mission 21 viennent de mondes différents. Mery Kolimon est à la tête de l'une des plus grandes églises d'Indonésie. Elle vit au Timor occidental, une région que les gens fuient vers d'autres pays pour échapper à la pauvreté. Elle vient de recevoir le prix international Sylvia Michel pour son rôle de leader au sein de l'Eglise.
La juriste Sibel Arslan siège depuis 2015 au Conseil national pour les Verts. Elle est arrivée de Turquie en Suisse à l'âge de onze ans. Désormais, en tant que politicienne, elle exerce notamment une influence sur les lois qui régissent le traitement des personnes qui immigrent en Suisse.
L'une vient donc d'un pays que les gens quittent, l'autre d'un pays où les fugitifs cherchent refuge. Et pourtant, elles luttent toutes deux pour la même chose : elles s'engagent en faveur des migrantes et cherchent des moyens de renforcer les femmes qui se trouvent dans des situations extrêmes.
Histoires de blessures et de vulnérabilité
Dans son travail, Mery Kolimon est surtout confrontée au thème de la traite des êtres humains. "Les histoires de migration sont souvent des histoires de blessures et de vulnérabilité", a-t-elle déclaré à la tribune de "Dialog International". C'est de son Timor occidental natal que proviennent la plupart des victimes de la traite des êtres humains dans toute l'Indonésie, environ 76 pour cent sont des femmes. C'est pour elles que Mery Kolimon s'engage. Par exemple, avec un foyer pour femmes qui vient d'ouvrir dans la ville de Kupang, avec un travail de prévention et un travail sur les traumatismes. Ce sont des offres pour les personnes directement concernées, mais dans sa position de responsable d'église, Mery Kolimon travaille aussi à un deuxième niveau. "Pour provoquer des changements dans la société, l'Eglise doit également changer", dit-elle, "d'une Eglise qui pense tout savoir à une Eglise qui veut apprendre de nouvelles choses. Et d'une Eglise qui se contente du statu quo à une Eglise qui prend aussi des risques".
Lutte pour des réponses
Sibel Arslan connaît aussi bien le travail avec les migrantes que l'engagement au niveau structurel. L'émigration et l'immigration font partie de sa biographie. En même temps, elle se bat au Parlement pour que la situation spécifique des femmes migrantes soit prise en compte. "Qu'arrive-t-il aux femmes qui sont refoulées à la frontière alors qu'elles sont enceintes de 36 semaines ? Quels sont les droits des femmes qui ont suivi leur mari de l'étranger en Suisse et qui divorcent ici parce que leur mari les maltraite ?" C'est sur ce genre de questions que les politiques peinent à trouver des réponses.
Apprendre à perdre - et continuer
Le résultat n'est pas toujours à la hauteur des espérances de Sibel Arslan : "Je perds toujours. Mais j'ai appris à gérer cela et à aller de l'avant", dit-elle. Une expérience et une capacité qu'elle partage avec Mery Kolimon. "Quand une jeune femme revient dans son pays dans un cercueil, c'est terrible et nous ne pouvons plus rien faire pour elle", explique Kolimon. "Malgré tout, nous devons continuer à nous battre. Même les petits pas sont importants". L'un de ces petits pas est l'échange - Mery Kolimon et Sibel Arslan l'ont fait, avec le public du "Dialogue International", qui a posé des questions animées après les exposés et a pu emporter chez lui beaucoup de matière à réflexion.
Texte et photo : Miriam Glass, équipe des relations publiques