La décolonisation est un concept important pour eux, explique Themrise N. Khan, lorsqu'il s'agit du processus par lequel d'anciennes colonies ont conquis ou continuent de conquérir leur indépendance. La libération de la contrainte et du pillage a souvent été liée à des conflits et à la violence, poursuit Khan.
En revanche, l'aide au développement a lieu entre des États indépendants. Les Etats riches versent des fonds et des ressources au Sud mondial. Remettre en question cette aide n'est pas de la décolonisation, même s'il existe un déséquilibre de pouvoir entre les Etats. Il s'agit plutôt de savoir si l'aide est nécessaire et utile dans sa forme actuelle. Et si elle conduit à ce que l'Etat bénéficiaire n'ait un jour plus besoin d'aide, et donc à ce qu'il puisse devenir indépendant de l'aide.
Image différenciée
Dans son exposé, Khan plaide pour une image différenciée de "ceux qui donnent" et de "ceux qui reçoivent". Il existe des Etats qui recevaient autrefois de l'aide et qui sont aujourd'hui eux-mêmes puissants, comme la Chine. D'autre part, dans de nombreuses anciennes colonies du Sud global, des régimes au pouvoir se comportent eux-mêmes de manière colonialiste, en réprimant des minorités ou des groupes sociaux dans leur propre pays.
Les relations entre les États ne sont pas seulement marquées par l'aide au développement, mais aussi par le commerce et les échanges culturels. Le commerce comprend toutefois aussi le commerce des armes, ajoute-t-elle, qui n'est guère utile au développement d'un pays et contribue plutôt à sa vulnérabilité aux crises.
Regard critique sur le travail de projet
Khan jette un regard lucide sur le travail de projet de nombreuses œuvres d'entraide et ONG. La réalité politique ou économique est souvent occultée. Il ne sert par exemple à rien de faire un travail de plaidoyer pour les femmes si les autorités ne leur donnent aucune possibilité de participation politique, fait-elle remarquer. Malheureusement, selon son expérience de plus de 25 ans de pratique, les ONG ou les œuvres d'entraide apportent des concepts préfabriqués, repoussent les critiques des autochtones et se tournent vers autre chose une fois le "travail terminé".
Il sera possible de découvrir dès ce jeudi soir comment les autres intervenants aborderont le sujet. La chercheuse colombienne María Ximena González-Serrano apportera de 19 à 20 heures son point de vue critique sur la coopération au développement dans une perspective latino-américaine. Son exposé portera principalement sur les relations d'égalité entre les personnes, les pays et les contextes sociaux. L'exposé est en espagnol et sera traduit en anglais.
texte : Christoph Rácz